Résidence de journalisme
Lucy Charpie, journaliste et réalisatrice, est en résidence dans les Mauges de mars à juin 2023. Elle y mène des actions d’éducation aux médias et compose des créations sonores qui mettent en avant le territoire et le patrimoine local.
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Lucy, d’où viens-tu et quel est ton parcours ?
Je suis née et j’ai grandi à Cherbourg, en Normandie. C’est plutôt loin d’ici, mais je ne me sens pas totalement étrangère au territoire puisque ma mère est née à Chemillé, mon grand-père avait une ferme à la Salle-de-Vihiers et une partie de ma famille réside toujours dans les Mauges et le Layon. Mon parcours journalistique a commencé au lycée, en tant que correspondante de presse pour un quotidien local. Après le bac, je suis partie à Paris, puis en école de journalisme à Lille.
Pendant trois ans, j’ai ensuite travaillé dans des rédactions de presse régionale, notamment un hebdomadaire du Médoc, près de Bordeaux. En 2019, j’ai fait le choix de reprendre mes études, pour valider une licence d’histoire et surtout aller au Créadoc, un master d’écriture et réalisation documentaire implanté à Angoulême. Cela m’a permis de réaliser des documentaires radiophoniques et deux courts-métrages, faire entendre mes créations dans des festivals et ainsi me professionnaliser davantage en tant qu’autrice et réalisatrice.
J’apprends et pratique aussi la musique électroacoustique et expérimentale, ce qui me permet d’élargir ma palette de création sonore. Aujourd’hui, je me déplace un peu partout en France, j’écris un projet de film sur les déchets nucléaires à La Hague et je mène des ateliers radiophonique auprès de différents publics. Je travaille aussi ponctuellement dans des rédactions, notamment France Bleu Alsace à Strasbourg ou le studio de podcasts Making Waves, basé à Rosny-sous-Bois.
Quelle est l’origine de ce projet ?
J’ai répondu à un appel à projets de « résidence de journalisme » proposé par Mauges Communauté et la DRAC des Pays de Loire, autour de la thématique du patrimoine local. Ce travail se fait en partenariat avec la radio SUN (basée à Cholet et Nantes). L’idée première est de mener des actions d’éducation aux médias auprès de différents publics : des jeunes des centres sociaux de Beaupréau et Chemillé, des associations d’histoire locale, des bibliothèques… Le thème du patrimoine sera abordé sous de nombreux aspects : immatériel, naturel, industriel, vivant, intime… dans le cadre de créations sonores collectives.
J’interviendrai également auprès des membres du comité de rédaction des Cahiers des Mauges, pour leur apporter mon regard de journaliste extérieure au territoire. Jusqu’à la fin de ma résidence, je serai présente par intermittence sur le territoire. Cela représente environ deux à trois semaines par mois. Je souhaite m’immerger au maximum et m’imprégner des caractères constitutifs des Mauges.
Comment va se dérouler ta résidence au quotidien ?
Dans le cadre de l’éducation aux médias, je travaille avec des personnes de toutes générations. Ces interventions (menées avec les animateurs des centres sociaux et la radio SUN) ont pour but de présenter le métier de journaliste, d’expliquer ses enjeux mais aussi et surtout de donner des clés de lecture et d’analyse des discours médiatiques dans toute leur diversité. Pour que l’exercice ne soit pas trop fastidieux, nous passons rapidement à la pratique, à travers des ateliers radiophoniques organisés autour de reportages sur le terrain et d’animations de petites émissions en plateau. Le but est qu’ils puissent s’initier au travail éditorial et pourquoi pas, s’ils le souhaitent, créer plus tard leurs propres médias.
En parallèle de ce travail de transmission, ma résidence comporte un volet créatif. Je parcours les Mauges avec mes micros pour enregistrer la vie des bourgs et des champs, capter les bruits familiers des granges, des brocantes, des jardins, des skateparks, des chemins ou des cours d’eau. A partir de tous ces éléments, je composerai une série de créations sonores documentaires. J’espère pouvoir apporter des angles de vue (et d’écoute) originaux sur le territoire. Donner à entendre les sonorités du quotidien, ce que les Maugeoises et les Maugeois ont à raconter de leur vie ici, en bien comme en moins bien. La réalisation de la mini-série devrait s’échelonner tout au long du printemps.
